Le bureau de Madame la Directrice. Un tyran, une folle. Les pensionnaires frémissent en entendant ses talons marteler les sols de l'école, et personne n'ose faire un pas de travers, de peur de se faire foudroyer sur place par ce monstre. Ce bureau n'est pas apprécié, mais ce doit être le seul endroit de tout le pensionnat à peu près acceptable, comme si le diable l'avait épargné, et détruit le reste. A croire que la directrice est aimée de quelqu'un.

Il en faut toujours un, quelqu'un qui aide les autres, malgré ce qu'ils ont fait. Et c'est ici qu'il se trouve, quelque part entre toutes ses piles de livres sur la psychologie, à croire que les troubles humains peuvent être expliqués dans une série de bouquins. Avec ses lunettes de travers et son air survolté, il vous fait tout oublier pendant une séance, une thérapie et c'est pour cela que les élèves l'apprécient, lui, celui qui crèche presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans son petit bureau miteux.

C'est dans cette grande salle, où seul logent des tables et des bancs en bois, que les pensionnaires de la Zone mangent, matin, midi et soir, cette bouillie affame qu'on leur sert. C'est qu'ils sont doués, les cuisiniers, pour faire pire, de jour en jour ! La cantine est un endroit où règne toujours une joyeuse cacophonie, parce que le repas est un moment attendu de tous, malgré sa qualité.