Pacifique. | Toute Rose est proie de l'hiver | Pour moi, l'hiver est désormais sans fin...

Extrait du Times, le 8 janvier 1983

La catastrophe a été évitée de peu, dans une école au Nord de Londres. Un feu s'est déclarée en pleine heure du déjeuner, prenant au dépourvu tous les élèves et professeurs de l'établissement. L'incendie a vraisemblablement démarré du hall, bloquant immédiatement la sortie du réfectoire. Les élèves, pris en main par les surveillants, ont réussi à sortir sains et saufs en passant par les cuisines. Les pompiers sont arrivés peu après, éteignant le sinistre. Il n'y a que de légères brûlures superficielles, et le pronostic vital d'aucun de ces étudiants n'est mis en danger. Certains sont actuellement gardés à l’hôpital, plus par raison de sûreté.
Les dégâts sont considérables : le réfectoire a entièrement brûlé, ainsi que les cuisines, hors-service. Le feu a entamé le plafond, carbonisant la bibliothèque et détruisant des centaines de livres.
De nouvelles informations seront communiquées aux médias le plus tôt possible.

Extrait du Times, le 9 janvier 1983

Plus d'informations sur l'incendie qui a détruit une partie du lycée Hudson. D'après les pompiers, le feu serait d'origine criminelle. De l'alcool a été répandu au sol, créant un sillon partant du hall, et menant jusqu'au réfectoire. Il est donc clairement établi que quelqu'un a allumé le feu depuis le hall, et a ainsi pu s'enfuir sans laisser de traces par la cour de récréation des élèves. La piste d'un étudiant n'est pas écartée, bien au contraire. Selon le directeur, personne à par ses élèves n'aurait pu en vouloir à son établissement.
Une enquête a été ouverte, menée par la police, et certains parents d'enfants brûlés souhaiteraient porter plainte s'il s'avère que c'est bien un élève qui a blessé leurs pupilles. Rappelons bien que les blessés ne le sont que très légèrement, et qu'actuellement seuls 4 enfants sont encore maintenus à l’hôpital, visiblement pour des raisons de sûreté, et pour échapper aux médias.
Nos reporters vous livreront d'autres informations dans le courant de la semaine sur le déroulement de l'enquête.

Extrait du Times, le 12 janvier 1983

Le mystère du feu au lycée Hudson résolu !
Les policiers, après 4 jours de recherches, ont enfin pu trouver le coupable de cet incendie, qui était donc bien criminel.Les caméras de surveillance, malheureusement en noir et blanc, n'avaient pu identifier qu'une jeune fille au cheveux longs répandant l'alcool sur le sol. Mais des vidéos de certains élèves, venant de leur plein gré au commissariat, les ont menés à la coupable. On y voyait une jeune fille aux cheveux blancs sortir du hall, en arrière-plan de certains films. Elle a vite été identifiée. Pacifique Alown, dont les parents étaient des habitués des services psychiatriques de la ville... Une histoire mouvementée pour cette jeune demoiselle...





Et blah, et blah, et blah... Pacifique Alown. Oui, c'est mon nom. Mais pas moi la coupable. Oui, une histoire difficile. Et alors ? C'est pas pour autant que je m'amuserais à incendier mon lycée... Mais reprenons depuis le début. Voyons d'où je suis partie, et pourquoi on me qualifie de fille "à problèmes"...


Je suis née en France, d'un père français et d'une mère anglaise. Heureuse, avec ma grande soeur, Bella. Notre petite maison, sur les côtes normandes, me regarda grandir, joyeuse et pleine de vie. Une petite blonde aux yeux bleus, qui suivait sa brune et ténébreuse soeur dans tous ses déplacements. C'est à peu près tout ce dont je me souviens de mon enfance. Avec un mot, qui symbolise tant. Paix.

Mon père, marin de son état, gagnait assez pour faire vivre sa petite famille. Mais ma soeur, Bella, bien plus curieuse et aventureuse que moi, voulut l'aider à pêcher. Elle avait 15 ans, et moi 13. Un matin, je l'embrassais, et la vis partir avec mon père. Je ne vis que ce dernier rentrer, trempé, déshonoré, et surtout... mort. A l’intérieur. Il avait essuyé une tempête. Ma soeur, mon Dieu, ma raison de vivre, ma lumière... N'était plus. Ou alors, elle s'était transformée en sirène. Au fond de l'eau. Loin de moi, loin de tout.


Mes parents, me délaissant, trouvèrent du réconfort dans l'alcool. Et, pour s'éloigner du lieu du drame, ils partirent vivre en Angleterre, la terre de ma mère. J'appris vite l'anglais, perfectionnant mes acquis du collège français. Mais, au bout d'un an à peine, je ne tint plus. Ma soeur, autrefois la seule personne capable de changer mon humeur macabre, n'étant plus là, je craquais de plus en plus souvent. Mes yeux, certainement délavés par mes trop nombreuses larmes, de bleu pâle passèrent à un bleu presque blanc. Mes cheveux, trop méchés de blanc à mon goût depuis la mort de Bella, furent teints par mes soins en blanc pur. On m'appelait "La Sorcière Blanche". A 15 ans, ne tenant plus, je quittais l'école.


Pour me réfugier où ? Dans le sous-sol de notre petite maison au Nord de Londres. Le seul endroit où mes parents, tout le temps ivres, ne descendaient pas. Au bout d'un an, la sentence tomba. Mes parents, ne m'envoyant pas à l'école, payaient trop d'amendes. Je dus reprendre le chemin du lycée. Mais, cette fois, je fis pire. Je parfais mon image de sorcière blanche. Toujours pâle, le regard vide et les lèvres rehaussées de rose, je ne m'habillais qu'en blanc, bleu ou rose pâle. Mon surnom revint, plus fort que jamais. J'avais l'impression de répandre le froid autour de moi, et je m'en amusais.

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